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Entretien avec Jean-Emmanuel Chometon, directeur général des Maisons du Voyage

L’esprit « Maisons », le label de l’association ATR (Agir pour un Tourisme Responsable), la diffusion et les axes de développement de la politique environnementale, la sensibilisation des clients, des collaborateurs, l’ambition pour demain... Jean-Emmanuel Chometon, Directeur Général, vous dit tout sur les questions environnementales et le tourisme responsable selon Les Maisons du Voyage.

Le tourisme "responsable", c’est avant tout un tourisme respectueux, qui toujours fait partie de l’ADN des Maisons.

Quelle est la vision du tourisme responsable pour Les Maisons du Voyage ?

Le Voyage, c’est avant tout la rencontre avec l’autre. S’ouvrir au monde et embrasser l’altérité. C’est en tous cas notre vision aux Maisons du Voyage depuis bientôt 30 ans. Dès lors, le voyage doit se faire dans le respect des hommes, des cultures locales, du patrimoine, des ressources naturelles, des paysages, des animaux… sinon il perd son sens. C’est pourquoi le tourisme dit « responsable » a toujours fait partie de l’ADN des Maisons.

Au-delà, quelles sont les vertus du tourisme et du voyage ?

Dans un monde où le repli sur soi et la peur de l’autre malheureusement gagnent du terrain, le voyage ne nous a jamais paru aussi essentiel. Il rapproche les êtres humains, améliore la compréhension mutuelle entre cultures, civilisations, religions. Il est source de tolérance et de paix. Sans oublier son importance pour le développement économique et social des pays visités. Le tourisme représente environ 10 % du PIB mondial (selon l’OMT) et 1 emploi sur 10. Pour certains pays, souvent en voie de développement, c’est la première source de richesse. De plus, ce sont des emplois locaux, non délocalisables, qui contribuent ainsi aux développements des populations dans leurs pays, leurs régions voire leurs villages d’origine. C’est aussi une manière de lutter contre les exodes massifs souvent synonymes de pauvreté et précarité, qu’ils soient des campagnes vers les villes (en général, saturées) ou des pays en développement vers les pays développés. Enfin, si le tourisme a pu – et peut encore – abîmer des sites (par la sur-fréquentation, la pollution), il est aussi souvent à l’origine de leur préservation (exemple, les parcs naturels) voire de leurs restaurations.

L’entreprise a besoin de générer des bénéfices, mais l’ambition n’est pas uniquement de gagner de l’argent, il y a d’autres vertus pour notre activité. Donc par rapport à cela, quelles sont les valeurs, quel est l’esprit « Maisons » ?

Gagner de l’argent est nécessaire pour garantir la pérennité de l’entreprise. Gagner suffisamment d’argent lui permet de supporter des crises, comme la baisse d’activité rapide liée à des facteurs exogènes comme la géopolitique ; les pandémies ; les catastrophes naturelles ; facteurs auxquels toute entreprise de voyage est fortement exposée. Gagner suffisamment d’argent lui permet d’investir car une entreprise qui n’investit pas et « fait du sur place » est condamnée. Gagner suffisamment d’argent lui permet enfin de redistribuer, aux actionnaires qui ont investi dans l’entreprise mais aussi aux salariés à travers l’épargne salariale. Les Maisons ont en place un accord d’intéressement en plus de la participation légale. Cela a permis de redistribuer environ 20 % du bénéfice réalisé en 2018. Mais l’ambition de l’entreprise va effectivement au-delà de sa performance économique. Nous avons à cœur de faire partager notre vision du voyage au plus grand nombre. Nous avons cette conviction que comprendre l’âme et la culture d’un pays, c’est faire le plus beau voyage possible. Nous nous définissons comme les artisans de cette expérience inoubliable pour nos clients. Nous le faisons à travers nos valeurs qui sont l’écoute, car on ne peut concevoir un voyage sans faire preuve d’écoute et de bienveillance ; le respect, à la fois un principe éthique et la condition essentielle au sens de notre activité ; la curiosité, car aux origines de notre connaissance unique des pays et de leurs cultures, il y a une soif de découverte et l’éloge de la diversité ; l’exigence, indispensable pour garantir une qualité d’exécution parfaite de nos services.

Comment Les Maisons du Voyage ont-elles initié leur démarche dans le cadre de la « Responsabilité Sociétale des Entreprises » (RSE) ?

Notre engagement en terme de tourisme responsable a pris plusieurs formes : sauvegarde du patrimoine, accompagnement d’acteurs locaux dans le développement de l’activité touristique locale, soutien à des associations et lutte contre le changement climatique. Il s’est aussi traduit par des évolutions de nos modes de travail, à Paris, dans la double logique sociale et environnementale.
La société a été créée en 1991. Dès 1993, les Maisons ont été actives dans le cadre d’une collecte de fonds pour la restauration du temple Vat Lum Kum à Luang Prabang, au Laos. De 2001 à 2006, de nombreuses actions ont été menées dans le cadre de l’Unesco, en Inde et au Laos principalement. De 2007 à 2010, Les Maisons ont participé à la préservation du patrimoine historique et à la promotion du tourisme durable dans la région de Huizhou (Anhui) sous l’égide de la direction française du tourisme. En 2008, les Maisons ont agi en faveur de la reconstruction du tourisme dans la province du Sichuan, dévastée par le tremblement de terre. L’entreprise a régulièrement soutenu des associations comme « les enfants du sourire khmer » (construction d’écoles) ou Datong Lifeline.
Les Maisons soutiennent aussi des associations humanitaires, souvent en lien avec l’actualité (catastrophes naturelles, SOS Méditerranée, etc.). Aujourd’hui, l’accent est davantage mis sur la lutte contre le changement climatique, dans la continuité de l’accord de Paris de 2017. L’ONU avait d’ailleurs déclaré 2017 « année internationale du tourisme durable pour le développement ». Cela rejoint aussi les préoccupations de nos clients et de nos équipes. Ainsi, fin 2017, nous avons signé un partenariat de 3 ans avec la fondation GoodPlanet de Yann Arthus-Bertrand. À travers ce mécénat, nous avons soutenu un projet en Équateur en 2018, un autre en Éthiopie en 2019 et nous soutenons maintenant un projet au Pérou en 2020. Ce sont des projets d'agroforesterie et d'agriculture familiale dans des zones fortement affectées par le réchauffement climatique, où vivent des populations défavorisées.

À Paris, l’engagement social se matérialise à travers les plans d’égalité hommes/femmes, le développement du télétravail, déjà pratiqué par certain(e)s salarié(e)s depuis longtemps, les mécanismes d’épargne salariale, la politique de formation… et l’engagement environnemental par une sensibilisation régulière des collaborateurs(trices) et une série de mesures sur nos conditions de travail (recyclages, économies d’énergies…).

Les Maisons du Voyage ont obtenu le label de l’association ATR (Agir pour un Tourisme Responsable) en mars 2020. En quoi cette certification est-elle importante ?

ATR fournit un cadre pour penser et décider l’action RSE. En effet, la certification s’organise autour de 3 axes : transparence, partenariat, cohérence. Ils sont déclinés en 16 critères qui donnent une lecture relativement exhaustive des affaires et de leurs liens avec une politique RSE adéquate. Clients, équipes, prestataires… l’ensemble des relations est étudié. Ce cadre de travail est un outil précieux pour moi et permet à l’entreprise d’agir efficacement : de voir la problématique dans son ensemble et de ne pas se concentrer uniquement sur quelques sujets, d’identifier les chantiers prioritaires et poser des jalons dans une logique de progression.
Il permet aussi d’articuler de façon claire et didactique la communication interne et externe sur la RSE.
Ensuite, la certification est importante car c’est une reconnaissance objective et indépendante des actions faites par l’entreprise dans le cadre de sa responsabilité sociale et environnementale. À l’heure où beaucoup d’entreprises se saisissent de la cause environnementale avec plus ou moins de sincérité, la certification ATR est un gage d’authenticité de la démarche. Enfin, la certification nous met dans une dynamique d’amélioration continue. L’ambition en effet n’est pas d’être certifié et puis de laisser le sujet de côté… c’est un chemin : les exigences vont évoluer avec le temps et c’est tant mieux ! Le tourisme responsable a toujours fait partie de l’histoire des Maisons ; la certification ATR, année après année, est aussi un moyen de garantir qu’il fasse partie de son futur avec toujours autant d’importance.

Vers quels axes l’entreprise engage sa politique environnementale ?
Les Maisons articulent leur politique environnementale autour des trois parties prenantes principales, telles qu’identifiées dans la démarche ATR : clients, équipes, prestataires.

Nous sensibilisons nos clients et prestataires et les invitons à privilégier des comportements responsables. Nous travaillons avec nos prestataires à des voyages localement plus respectueux de l’environnement et nous avons inclus la RSE au cœur de nos relations avec eux, y compris par écrit dans les contrats 2020 que nous avons entièrement récrits à cet effet. Ces contrats incluent une charte d’engagements détaillés déjà en place depuis 1 an. Nous étudions la faisabilité de développements informatiques qui permettraient aux clients de compenser tout ou partie des émissions carbone liées à leur voyage, si possible d’ici fin 2020. Ceci nous préparera à intégrer cette compensation en 2023 dans le respect du calendrier établi par ATR que nous suivrons.
Nous revoyons ensuite toutes les étapes du parcours client à l’aune du développement durable : la digitalisation nous permet par exemple de dématérialiser beaucoup de documents clients (tels que le contrat de vente) ; nos documents marketing « papier » (catalogues) sont imprimés depuis longtemps sur des papiers PEFC et nous sommes adhérents à Citeo (ecofolio) ; nous travaillons au remplacement des actuelles pochettes de voyage et étiquettes bagages par des produits plus en phase avec la RSE (pas de plastique, prix « équitables », engagement social des fabricants, etc.).

Côté équipe, nous travaillons à diminuer notre propre consommation (par exemple, ampoules basses consommation, choix de ne pas installer de climatisation lors de la rénovation d’un de nos sites). Ainsi, nous avons réussi à diminuer nos impressions de bureau de 21 % entre 2018 et 2019 alors que le nombre de salariés a progressé. Nous nous orientons vers un maximum de recyclage (tri sélectif, marc de café…) et nous utilisons des produits issus de matières recyclées (notamment le papier). Une partie des équipes déménagera en 2020 dans des locaux entièrement neufs aux normes HQE, intégrant dans leur fonctionnement structurel des mesures d’économies d’énergie, de tri sélectif, de toit végétalisé, de garage à vélos… Nous nous préparons aussi à compenser 100 % des émissions carbones liées aux voyages professionnels des équipes. Au-delà du travail mené avec nos fournisseurs déjà mentionné plus haut, nous continuerons à soutenir des partenariats similaires à celui signé avec la Fondation GoodPlanet.

Comment l’entreprise souhaite diffuser sa politique environnementale ? Comment cherche-t-elle à sensibiliser, former, encourager la participation des employés sur les questions environnementales ?

L’entreprise promeut sa politique environnementale envers ses salarié(e)s de plusieurs manières.
D’abord, en décentralisant sa démarche : cette dernière ne peut être efficace que si elle ne repose pas uniquement sur l’engagement de quelques individus isolés, qui plus est s’ils sont les dirigeants. Leur implication est nécessaire (évidemment) mais pas suffisante. La politique RSE de l’entreprise n’est pas une décision « top down » (ce serait même un comble par rapport à l’aspect social !). Ainsi, un « club durable » a été créé au sein des Maisons, sur la base du volontariat, transverse à tous les services et les sites de l’entreprise. Ce club est une composante absolument essentielle de la politique environnementale de l’entreprise.

La communication est un autre axe de promotion de notre politique environnementale. Les prises de parole sont régulières, écrites ou orales, et nous diffusons des newsletters internes par le club durable et/ou la direction.

Enfin, nous initions des actions pour encourager la participation des salarié(e)s. Ainsi, lors de la journée travaillée de solidarité, des possibilités d’actions solidaires ont été proposées à l’ensemble du personnel. Des gourdes ont été distribuées pour sensibiliser les employé(e)s à la question des bouteilles d’eau en plastique. L’absence de poubelles individuelles nous a tous conduits à adopter le tri sélectif… Un guide des écogestes du quotidien a été rédigé, il est inséré dans le livret d’accueil de tout nouveau salarié dans l’entreprise.

De quelle manière Les Maisons du Voyage sensibilisent leurs clients à choisir des programmes ou des services liés au tourisme responsable ?
Les Maisons sensibilisent leurs clients à travers une communication régulière sur le sujet du tourisme responsable (newsletters, site internet, catalogues, etc.), à travers des documents qui leur sont remis à chaque voyage (charte éthique du voyageur). Nous travaillons au renouvellement des produits qui leur sont offerts lors d’un voyage (pochette mentionnée plus haut). Nous voulons davantage leur expliciter, au niveau du devis, l’impact carbone du voyage (mais cela suppose des développements informatiques à l’étude pour 2020). Enfin, les Maisons référencent des hôtels reconnus pour leur politique environnementale (écolodges), proposent des alternatives « TGV » à l’avion lorsque c’est possible (comme en Chine, au Japon), élaborent des voyages orientés « écotourisme » et les mettent en avant en tant que tels. Cela étant dit, nous ne décidons pas non plus à la place de nos clients…

Quelles sont les destinations caractéristiques du tourisme responsable pour Les Maisons du Voyage ?

Aujourd’hui, toutes les destinations sont fragiles. Que ce soit les pays en voie de développement ou les pays développés. Les problèmes de pollution des grandes métropoles, les incendies en Californie, en Amazonie, en Australie, le recul des glaciers en Islande ou en Patagonie, les typhons en Asie et les ouragans en Amérique sont autant d’événements, souvent catastrophiques, qui nous rappellent que le sujet du changement climatique est devenu global et n’épargne personne. Dès lors, l’exigence de tourisme responsable s’applique partout. Face à cela, certains pays sont plus avancés que d’autres, au moins sur certains aspects. Des destinations ont mis le tourisme durable au cœur de leur approche (l’exemple classique du Costa Rica, l’exemple aussi de la Tanzanie qui a bien compris que la cohabitation harmonieuse entre animaux et communautés locales leur était vitale). Beaucoup de destinations ont sanctuarisé des espaces de nature à travers des parcs nationaux et veillent à ce que les réglementations de ces parcs soient respectées. Enfin, dans tous les pays, des initiatives individuelles privées (chaînes d’hôtels, réceptifs, associations…) font progresser la cause du tourisme responsable. Aux Maisons d’identifier ces initiatives dans chaque destination pour les soutenir le cas échéant.

En conclusion, quelle ambition à deux ou trois ans pour les Maisons du Voyage d’un point de vue responsable ?

D’ici deux à trois ans, j’aimerais pouvoir dire que les Maisons ont su prendre la mesure du challenge qui est le leur en tant qu’entreprise de voyages. Qu’elles ont agi et continuent d’agir pour, à leur niveau, faire face à ce challenge et qu’elles ont réussi à mettre leur écosystème (salariés, clients, fournisseurs, partenaires, actionnaires) également dans une logique d’action, tout en étant bien conscient que les Maisons n’ont de leçons à donner à personne.

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