Carnet de voyage aux Marquises

Les Marquises, vues par Hélène

Amoureuse de la Polynésie, Hélène, chef de produit Océanie, rentre d’une croisière au cœur des îles Marquises « qui accueillent, émerveillent, touchent l’âme des voyageurs », nous dit-elle. Elle a embarqué à bord du nouvel Aranui, l’Aranui V, ce cargo-mixte mythique qui emmène ses passagers à destination des îles reculées du Pacifique Sud et fournit du fret aux petites communautés marquisiennes si éloignées de la civilisation. Seize jours pour une découverte intense des cultures polynésiennes. Seize jours pour approcher une nature luxuriante et intacte. Rencontre en 5 questions.

Rencontres authentiques, paysages spectaculaires, découverte d’un mode de vie unique, ce voyage aux Marquises à nul autre pareil est, en résumé, l’expérience d’une vie !

1- Raconte-nous ta croisière… Quelles ont été tes étapes ? Tes impressions de voyage ?

Le voyage prend vie à Tahiti, au départ du quai d’honneur où est amarré l’Aranui V. Nous faisons escale quelques heures aux Tuamotu. Le lagon turquoise de Fakarava offre une pause bienvenue avant les 36 heures de traversée nécessaires pour rejoindre les Marquises.

Au matin du troisième jour, Nuku Hiva se dresse fièrement devant mes yeux. Comme si atteindre ce bout du monde pour la première fois n’était pas un assez grand privilège, le bateau est accompagné d’un ballet de raies manta ! Le passage de l’Aranui V est un tel évènement que toute la population de l’île semble s’être donnée rendez-vous sur le quai. Des couronnes de fleurs, des habits colorés et des sourires chaleureux nous accueillent. Je mesure à quel point la mission de ravitaillement du cargo est importante pour les habitants. C’est alors un autre ballet qui commence. Les grues se mettent en branle et délivrent les vivres tant attendus tandis que nous partons pour la journée à la découverte de l’île, en utilisant les moyens de transport locaux : bus scolaire d’antan ou véhicules des habitants qui partagent avec nous leur amour de leur île.

À chaque escale, ce même spectacle a lieu sous nos yeux émerveillés. C’est une routine merveilleuse que de se poster sur le pont Ciel et admirer ces îles spectaculaires aux premières lueurs du jour. Chaque matin, l’équipage se met en place pour décharger directement à quai ou de manière encore plus impromptue, sur des barques, les vivres commandées par la population. Chaque matin, l’arrivée est inoubliable. À Tahuata, nous sommes accueillis au son d’une corne qu’un Marquisien tatoué de la tête aux pieds fait vibrer. À Ua Pou, la « danse du cochon », fameuse danse ancêtre du « haka », nous fait honneur. À Ua Huka, la manœuvre d’approche est extraordinaire : le navire opère un demi-tour dans la baie alors que les marins embarqués sur « des coques de noix » s’approchent des falaises pour amarrer le bateau tels des funambules sur leur fil bercé par la houle...

2- Que dire de l’Aranui V ?

C’est un véritable cocon où nous sommes chouchoutés par l’équipage. Ce cargo-mixte a été pensé autant pour le fret que pour les 200 passagers. Les différents ponts disposent de salles de conférence, bars, d’espaces extérieurs aménagés et d’un restaurant. Les repas sont copieux et la nourriture de qualité. Les différents types de cabines, décorées avec des touches polynésiennes, offrent un bon confort. Le spectacle étant à l’extérieur, elles sont dénuées d’ornements superflus. J’ai une préférence pour les cabines Deluxe, avec un balcon privé.

3- En quoi l’expérience Aranui est-elle particulière ?

L’Aranui V n’est pas un navire comme les autres, du fait de sa mission de ravitaillement des Marquises et de la diffusion des produits marquisiens qu’il ramène dans ses cales à Tahiti. Il compte un équipage de 85 personnes, dont une grande partie sont des marins natifs de ses îles du bout de monde, avec qui les passagers ont l’occasion de partager les mêmes espaces de vie et de très bons moments lors de leurs temps off sur le cargo. Ils content à merveille leur Polynésie, leur amour de leur île, leur vie de marin. Le cœur sur la main, ils partagent le fruit de leur pêche quelques soirs ou les produits que leurs familles leur ont donnés pendant les escales, comme du miel, du monoï... L’éloignement de leur famille qu’ils vivent est poignant, mais ils ne changeraient de métier pour rien au monde.

4- Quel est ton souvenir le plus émouvant ?

Le désuet Espace Brel à Hiva Oa. Situé au fond d’un jardin, derrière le centre culturel de Gauguin, ce hangar vert, lavé par l’air marin, m’accueille sur les notes de la musique de Jacques Brel « Les Marquises ». « Jojo » trône fièrement dans ce vaste espace dénué de tout apparat. Les Marquisiens parlent encore avec beaucoup de respect de ce chanteur au grand cœur qui mena une vie simple ici.

5- Quelle est ton île préférée ?

Je ne parlerais pas de préférence, mais l’île qui a capturé mon âme de voyageuse est Fatu Hiva. Accessible uniquement en bateau, elle est restée indomptée. Les villages d’Omoa et de Hanavave semblent endormis. Quelques rires chaleureux percent cette atmosphère lascive chargée du « mana », cette force imperceptible qui imprègne tout ce qui nous entoure. L’intérieur de l’île est totalement sauvage. Partout où mon regard se posait, la végétation aux mille nuances de vert était intacte, comme au premier matin du monde. Et que dire de sa fameuse baie des Vierges, baignée par la lumière d’or qui précède le coucher de soleil. Un instant suspendu qui restera à jamais gravé dans ma mémoire. Mon dernier souvenir des îles Marquises !